C'est belge, c'est gai
Biennale Internationale des Arts de la Marionnette
« J’ai 8 ans. 1960. 30 juin : indépendance du Congo. 1er septembre : rentrée scolaire en Belgique. Papa, maman, Léopoldville. Enfin anciennement, maintenant Kinshasa. Léopoldville parce que Léopold II, le roi des Belges, enfin de le Congo belge, quoi, son petit jardin privé. Donc Papa, Maman, Léopoldville. Leurs 5 enfants, Dongelberg. Ahhh Dongelberg, charmant petit village du brabant wallon, ses vallons fleuris, ses chênes, ses sous-bois avec les fraises sauvages, des champs à perte de vue, la ferme, les vaches, le lait, les coqs, les poules, les œufs, les cochons, le jambon, les dindons, les pintades, les petits papillons, les coccinelles, les oiseaux qui batifolent/virevoltent, et puis le château des enfants débiles, un petit chemin qui mène à l’épicerie de Maria, l’église où officie monsieur le Curé, mon oncle Pierre, tonton Petrus, le frère de ma mère. Pourquoi ? Comment ? Qu’est-ce ? Quoi ? (Onomatopées) Toute une époque.
Et là, (Elle montre le fauteuil : geste puis parole) c’est mon fauteuil. J’ai 8 ans, et j’attends, comme toutes les semaines, une lettre de mon père. »
Le théâtre d’objet, cet art du détail, est la marque de fabrique d’Agnès Limbos. L’autodérision aussi. Elle nous livre ici son enfance, qui dialogue avec l’Histoire. Et c’est saisissant.
« Agnès Limbos mêle, dans un spectacle qui compte sans doute beaucoup pour elle, l’intime au politique, raconte les faits tels quels, apporte une page de plus à l’histoire de la colonisation, sa page à elle et à nulle autre pareille.» (Laurence Bertels, La Libre)